Comme je l'ai déjà précisé, en ce moment ma vie se tient dans la triangulation étrange de la recherche d'emploi, d'un logement et éventuellement, de l'amour, du moins, calmons-nous, d'une relation naissante.
Alors voilà, bien que je sois durement concentré sur le fait de
trouver un job, et que je ne pense qu'à ça, la vie décide parfois pour
vous.
En effet, il y a peu, j'ai rencontré quelqu'un. Bon d'accord, on ne
peut pas dire qu'il s'agisse, selon les critères de la rencontre
parfaite, d'une rencontre parfaite, genre chevalier servant
venant à votre secours, ou fendant la foule et vous disant en
arrivant à vos côtés, qu'il ne voit que vous depuis des heures.
Non, moi j’ai juste croisé ce garçon dans un bar, et je vous
l'accorde, ce n'est pas forcément follement romantique. Néanmoins, ce
jeune homme m'a plutôt tapé dans l'œil. Grand, très charmant,
intelligent et drôle, il ne ressemble en rien au stéréotype du gars
de bar, qui lui est en général, alcoolisé, relou et sautant sur tout ce
qui bouge, ce qui vous permet, grâce à lui, de vous
rendre compte, que vous êtes loin d'être unique puisqu'il
affectionne tout ce qui a un vagin, et papillonne dans la foule au
rythme endiablé des râteaux successifs!
Enfin bref, revenons à nos moutons (sans mauvais jeu de mots,
certains comprendrons). Nous voilà donc, avec ce jeune homme que nous
nommerons "gentil garçon" (au sens élogieux du terme), prenant
un verre, puis deux, et puis, nous commençons à flirter mais il
est déjà 6 heures du mat. Nous échangeons donc nos numéros de téléphone
et chacun rentre chez soi. Trop excitée par la rencontre,
je ne peux fermer l'œil et pense déjà à notre prochain rendez-vous.
Mais, comme je vous l'ai déjà précisé, chers lecteurs, j'ai 27 ans et
plus 15, du coup, même si je me projette dans ce futur
rendez-vous avec un sourire niais aux lèvres, cette fois-ci, je veux
prendre mon temps. A 27 ans, on est un peu plus désillusionnée qu'à 15,
et des méchants garçons mal intentionnés, on en a
croisé un certain nombre!
Dans les jours qui suivent, un petit échange de textos se mets en
place entre le gentil garçon et moi-même. Et nous finissons par convenir
d’une date pour aller boire un verre.
Le jour du verre arrive, et là, je me transforme en fille
complètement irrationnelle à la recherche de la tenue idéale et
angoissant à mort, la boule au ventre, tellement énorme cette boule,
qu'il n'y a même pas de place pour les papillons dans l'estomac qui
vont normalement avec.
Je veux prendre mon temps, et je n'ai jamais fait ça avant. Je veux
être, jolie, intelligente, drôle et épousable (même si nous n'en sommes
pas là !) aux yeux de ce garçon. Pression!
Mais en voulant prendre mon temps, je ne m'étais pas douter que
notre toute jeune non-relation allait déboucher sur une série de "date"
(à prononcer avec l'accent américain).
Mais qu'est-ce que le "date" mesdemoiselles? Voilà notre pire cauchemar en provenance directe d’outre-Atlantique!
Le système du rendez-vous n'est déjà pas simple car il génère, chez
nous toutes un certain stress, une nervosité plus que palpable, même
chez les moins romantiques d’entre nous. Qu’allons-nous
porter ce soir là pour briller de mille feux sans avoir l’air
vulgaire? Quelle attitude adopter pour ne pas avoir l'air trop facile
sans avoir l'air frigide? Comment envisager la première prise
de contact, bise ou baiser ? (Cette question tortueuse ne se pose
que s’il y a déjà eu flirt au préalable et que votre état, et le sien,
ne pouvaient pas vraiment être associés, au moment du
dit flirt, à un état sain et à jeun) Comment allons-nous réussir à
ne pas rire niaisement à chacune de ses blagues, surtout les plus
pourries ?
Le « date », venu d’outre-Atlantique, ce rendez-vous que nous
pourrions qualifier de rendez-vous test, pourrait presque s’apparenter à
un entretien d’embauche.
Le rendez-vous classique, rencontre entre un aspirant et une
aspirante, n’inclut pas forcément une suite, mais en général, il se
déroule entre deux personnes qui se connaissent au préalable et
où, l’une des deux parties invite l’autre « à prendre un verre ». En
général, lors du rendez-vous on peut donc parler d’une affinité
partagée antérieure conduisant
« presque », et j’insiste sur le presque, à une inévitable suite.
En ce qui concerne le « date », les choses sont bien différentes.
Les deux parties ne se sont vu qu’une fois, grand maximum, et voire,
parfois, ne se sont jamais rencontrées.
L’invitation au verre a été lancé lors de cette unique rencontre, ou
arranger pas une ou plusieurs personnes qui connaissent les deux
parties, ou encore à lieu suite à une rencontre internet. Le
« date » ne comprend aucune pérennité, ni aucun engagement, ni
aucune démonstration sentimentale. C’est juste un premier contact sans
promesse, ne régissant pas les participants au
savoir vivre, tous les coups sont permis ! Lors du « date », les
deux parties se jaugent et les conduites mufles sont souvent de mise. On
entend par là que le « date »
peut déboucher sur une coucherie du premier soir n’engageant que ce
premier soir, comme l’amorce d’un jeu sexuel entre deux partenaires
adultes consentants. Il peut n’engager qu’une seule
utilisation. S’il y a plusieurs confrontations, cela ne garanti en
rien la relation sérieuse, cela établi au mieux, un statut de plan cul
ou PC.
Voici donc, selon moi, la définition de la différence entre le
« rendez-vous » et le « date ». Me voilà donc ultra nerveuse, perdue
dans la jungle des règles de l’amour et du
sexe version 2012. Me voilà comme une adolescente de 15 ans ayant
conscience qu’elle n’a plus 15 ans et malgré ça, tout reste aussi
compliqué qu’à cet âge rebelle.
Epilogue :
A l’époque où les sentiments ne sont plus à la mode, il était quasi
certain que cette non-relation avec ce gentil garçon était vouée à
l’échec. Nous n’avons jamais franchi le cap qui fait
basculer la série de « dates » vers une relation sérieuse. Moi qui
voulais prendre mon temps ayant eu une douce impression au contact de ce
garçon, je n’ai pas été déçue. Nous avons été
doucement, et même à reculons. Mais, malgré le fait que cette
histoire fut fatigante, compliquée, longue et totalement inaboutie,
rendons à César ce qui est à César. Ce gentil garçon à fait
preuve d’un grand respect à mon égard (euh, trop d’respect tu le
respect, nan ?), ce qui, venant d’un membre de la gente masculine
d’aujourd’hui, est à souligner (on ne va pas aller jusqu’à
l’applaudir tout de même !).
En bref, luttons contre le « date » ! Ne donnons pas à nos
sentiments des hamburgers gras, lourds et manquants cruellement de
finesse. Nous sommes le pays de la baguette et de
l’amour. Je vous en pris jeunes gens et moins jeunes gens, restons
simple et ne nous engluons pas dans notre peur de l’attachement.
Pourquoi serions-nous si nombreux sur terre si nous étions voués à
rester seuls ? Passer de non-relations en non-relation, c’est être seul.
Et si c’est être seul qui vous convient, faites
les choses bien, avec respect, soyez clairs et ne faites pas
vainement espérer.