mercredi 29 janvier 2014

Tel un Jedi, moi aussi je maitrise la force!

Bonjour à toi mon canard joli.

Tout d'abord, je te souhaite une bonne et heureuse année. En effet, j'ai encore 2 jours devant moi pour te faire mes vœux mais je me suis dit que même si j'étais encore large, je n'avais que trop tardé. J'espère que ton année sera merveilleuse, que tes projets, résolutions et autres belles idées se réaliseront. Je te souhaite l'amour, le bonheur et surtout, la santé.
Je sais, tu penses que seul les vieillards ne pensent qu'à la santé. D'ailleurs quand tatie Jacqueline te bavait sur la joue en une bise sonore pour t'adresser ses voeux et qu'elle te souhaitait la santé, tu trouvais ça bizarre et pas nécessaire, merde, tu avais 13 ans, que pouvait-il t'arriver, au pire avoir un nouvel appareil dentaire. Et pourtant, ma licorne, j'ai appris récemment à quel point ce vœu est le plus beau que l'on puisse t'adresser, les gens qui t'apprécie réellement sont ceux qui te le souhaiteront (bon d'accord, Nicole la sécrétaire du bureau est juste une adepte de la maxime de tatie Jacqueline et n'en a pas vraiment quelque chose à carrer de ta santé ... mais ça fait tout de même plaisir!).

Bref, tout ça pour dire? Et bien pour te dire que ma santé ne se porte pas vraiment comme un charme depuis quelques mois. Certains penseront que mon mal est bénin, certes, je ne suis pas atteinte d'un cancer, mais tout de même ma douleur est là, et loin d'être anodine.
J'ai une hernie discale depuis plus de 6 mois et la souffrance qui en découle est odieuse et permanente. C'est tout mon nerf sciatique qui est enflammé, du haut de la fesse jusqu'à la cheville. Ma jambe me semble étrangère et me donne la sensation d'être trop petite pour moi puisqu'elle ne veut pas se tendre.

Je boite, et à 29 ans, c'est très dure à encaisser.

Marcher pour moi est devenu une épreuve, me déplier, un calvaire. J'ai du mal à rester debout, j'ai du mal à rester assise, la nuit, je suis réveillée par la douleur à chaque fois que je fais un mouvement, et en découle une terrible fatigue et une irritabilité accrue.
Il n'y a pas une minute de la journée où je n'ai pas mal, où je n'ai pas envie de m'arracher la jambe pour l'offrir à un cannibale me disant que je préfère être cul-de-jatte que de continuer à souffrir.
Je te le dis, et non sans émotion, en pesant mes mots et en ayant en tête la véritable signification de cette phrase : j'ai mal!
Lorsque je ris trop fort, ça me tire en une brûlure électrique, j'ai trop mal, et cela me coupe toute envie de m’esclaffer. Lorsque je suis en colère, je ne peux pas quitter la pièce d'un pas énervé. Vu à l'allure à laquelle je marche, la dispute serait terminée bien avant que j'atteigne la porte.

C'est la première fois que je décris ma douleur de cette manière, que je la verbalise ainsi. C'est assez étrange. Bien qu'omniprésente, je l'avais poussé loin de moi. Oui, je ne fais que la pousser loin de moi, je me moque d'elle, je rie d'elle, je lui fais croire qu'elle ne m'atteint pas, qu'elle n'est rien pour moi, que si elle croit qu'elle m'incommode, elle se fourre le doigt dans l'oeil et jusqu'au coude.
Il y a un moment où elle m'a fait craqué, où elle m'a fait pleuré, mais depuis, j'ai décrété qu'elle ne gagnerait pas. Mais la vicieuse est insidieuse. Parfois, elle fait mine de se retirer pour revenir plus forte et plus aigüe le lendemain, vous clouant au sol comme une grosse patate. Vous vous sentez comme un amas de quelque chose, mais non comme un corps dynamique possédant des muscles, des articulations, des veines et un cœur qui bat. Vous êtes une chose trainante et rampante.
Je sais que je suis tout ça, que je ne possède plus ma démarche sexy, que j'ai plus l'air d'un orang-outan possédé par une limace mixomateuse (c'est vous dire!). Mais peu importe, je garderais ma tête jusqu'au bout, je l'ai décidé.
Depuis que j'ai pris cette décision, depuis déjà quelques mois, je n'ai craqué qu'une seule fois. J'étais dans la piscine avec ma kiné en plein séance de balnéothérapie et j'ai éprouvé, l'espace d'un instant, la sensation d'avoir retrouvé ma jambe. Je n'ai pu retenir mes larmes.
Mais je suis tel un guerrier Jedi, je maitrise la force, j'essaye de ne surtout pas basculer du côté obscure. J'apprends à ne plus m'arrêter de rire quand ma jambe me rappelle à l'ordre dans un tiraillement irradiant, je vaincrais le mal, c'est moi qui vous le dis, et sans vanité aucune, c'est juste que les choses ont été décidées comme ça.
En tout cas, cette douleur m'a permis de me renforcer un peu plus. Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. Je prends beaucoup plus de recul sur les choses. Je rie des geignards chroniques qui se targuent d'être des survivants alors qu'ils n'ont aucune idée de ce qu'est la douleur contre laquelle on ne peut rien, celle qui à décidé de s'établir, celle qu'on ne provoque pas, celle qu'on ne s'invente pas pour se donner une consistance qu'on ne possède pas et que l'on ne possèdera jamais tant notre âme est creuse.

Même moi qui souffre tous les jours, sans me culpabiliser, je me dis que d'autres ne se relèvent pas de ce qui leur arrive, poignardés par la vie à cause d'une maladie contre laquelle on ne peut rien. Et puis, je me dis que même si ma vie n'est pas parfaite à de nombreux égards, même si ma douleur me perd parfois un peu dans ses méandres et me fait me poser des questions sur ce que j'attends de la vie, j'ai quand même de la chance.

Merci à ceux qui me soutiennent, ma famille, mon chéri, mes amis qui réalisent ce que je vis (ce qui n'est pas le cas de tous, mais en même temps il est difficile de se représenter ce que je souffre, même moi je n'y arrive pas toujours car je m'amuse à minimiser ma douleur et je sens que ça l'énerve la garce!), merci à tous et promis, je ne basculerais pas du côté obscure de la force, je suis un Jedi, un vrai!

Bonne et heureuse année 2014, qui, c'est sûr, sera grandiose!





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