samedi 27 août 2016

liberté sexuelle et angoisse amoureuse

Alors voilà, force est de constater que dans le monde actuel, le célibataire lambda ne manque pas d'outils pour mettre fin à sa solitude. Elles sont nombreuses les applications où grâce à un profil mûrement réfléchi ou à peine construit, on peut mettre notre célibat en ligne, comme un produit de supermarché, pour chercher la rencontre, ou, pour les plus ambitieux, le grand amour. Évidemment, pour les plus old school, il reste également la bonne vieille méthode de la saoulerie dans un bar ou dans une soirée en rooftop ou en pleine air, c'est l'été, ne l'oublions pas. Mais alors voilà, peu importe comment la première prise de contact a lieu, la question est: mais pourquoi faire?

Si le choix de supports de rencontre est grand et les moyens variés, ce qui m’interpelle c'est que la suite que l'on va donner à tout ça, est souvent laborieuse. En effet, si vous souhaitez une rencontre pratique vous débarrassant des toiles d'araignées de votre activité sexuelle, c'est très simple. Un match sur Tinder ou Happn, ou une cuite dans un bar non loin de chez vous suffiront à pourvoir à vos besoins. Pour les plus désespérés, sortez jusqu'au bout de la nuit, il y zone tout un tas de personnes en rute comme vous, restées sur place à la recherche du compagnon qui leur évitera de rentrer se coucher seules dans leur grand lit vide...malheureusement, on ne garanti pas la qualité de ceux qui trainent leur guêtres là! Bref. Mais en ce qui concerne l'aboutissement de ce choppage dans les règles en quelque chose de plus sérieux, vous pouvez vous lever tôt. Car au matin, ou pire encore, juste après le coït, nombreux sont ceux, fille ou garçon, qui prendront leurs jambes à leur cou, désertant le paysage après avoir obtenu relative satisfaction. Qu'arrive-t-il aux célibataires de notre génération, et plus encore, que se passe-t-il avec notre rapport à l'amour? En tout cas, il est visiblement plus aisé de dévoiler son anatomie dans ce qu'elle a de plus privé, ticket de métro, intégral ou pantoufle, que ses sentiments. Ou encore, plus facile de demander si la personne pratique la sodomie et l'éjaculation faciale que de dire je t'aime...perplexité.

J’élargis donc mon questionnement à l'amour en général, pas uniquement à l'amour des célibataires. Car, que se soit dans les bars ou sur les sites de rencontres, j'ai pu constater que l'homme ou la femme mariés semblent eux aussi faire n'importe quoi avec cette question d'amour. Insatisfait de leur vie conjugale, pour des raison de sexe ou d'amour, de lassitude du quotidien ou de mauvais choix, la confusion est grande, et le départ pour la solitude rarement adopté. Du coup, ils n'ont pas peur de troquer la fidélité pour le grand frisson de la multiplication sexuelle, au dépend de leur moitié ou la tentative d'arranger les choses. Tout le monde se côtoient donc dans un joyeux marasme dont la finalité est de chopper, et non plus de découvrir l'autre pour du "plus si affinité", pour, utilisons les grand mots, tomber amoureux.

J'ai vu l'autre jour un documentaire, ou un film, je ne me rappelle plus de la source, où une femme disait "ma grand-mère dit que nous avons gagné la liberté sexuelle mais perdu le droit à l'amour".
Qu'est-ce qui nous arrive? L'amour terrorise. Il semblerait que nous ne soyons plus capables du moindre attachement. Comme si finir la nuit dans l'urgence d'un partenaire glané sur la route était immuablement plus grisant. Soyons sérieux, la récompense s’évanouit rapidement de nos souvenirs, et n'est pas si gratifiante que ça pour notre sécurité.  Mais qu'y a-t-il de si effrayant dans le sentiment amoureux? De plus terrorisant que la consommation sans limite de sexe sans lendemain? L'amour semble être perçu comme une prison, un enfermement et non comme une formidable liberté offerte  d'être nous même avec la personne aimé. Du coup, il terrasse les plus audacieux.

Alors, avons-nous peur de rater la bonne personne ou sommes-nous des putains d’égoïstes incapables de la moindre concession? A-t-on perdu le sens de l'amour, ou nous aimons nous trop nous-même pour être capable d'aimer quelqu'un d'autre? Cherchons-nous à être flatté, vaniteux que nous sommes, s'assurant que l'on plait toujours en accumulant les conquêtes? Certains diront qu'ils ont trop souffert et que donc, à ce compte là, ils ne veulent plus prendre le risque d'avoir le cœur brisé. Je ne sais pas si cette angoisse est légitime ou non, en tout cas, je la comprends. Mais alors, nous voilà dans un terrible système où un gros chat se mord la queue. En effet, si par peur d'aimer, par volonté de préserver son petit cœur, on passe notre temps à rejeter tout le monde, alors on contamine la personne rejetée qui, à son tour, construira un mur infranchissable entre elle, son cœur et l'autre pour ne plus à son tour, éprouver la sensation d'être rejetée... Le système est donc en lui-même une faille. Nous devenons alors des choses molles incapables de prendre le moindre risque. A notre époque où les sports extrêmes sont en pleine explosion, où tout le monde recherche le grand frisson, l'adrénaline et le reste, nous sommes prêts à mettre notre corps en danger mais pas notre cœur. Étrange non?

Je voudrais être à même de proposer une solution, et pourtant je n'en ai pas. Mais voilà je trouve que tout ça ne prend pas la bonne direction. Et si nous avions toujours cru savoir ce qu'était l'amour alors que non. Je m'explique. Il n'y a pas si longtemps, et encore aujourd'hui dans certains coins du monde, les mariages étaient arrangés. Alors on se retrouvait avec une personne que l'on n'aimait pas, que l'on n'allait peut-être jamais aimer, mais comme c'était pour tout le monde pareil, l'amour chevaleresque revêtait un aspect légendaire, comme le mouton à cinq pattes. On ne pouvait que l'imaginer sans le ressentir par tous les pores de notre peau, l'envisageant grandiose. Certains se sont rebellés en disant, non mais nous aussi on veut y avoir droit. Mais avoir droit à quoi. A un sentiment préconisé dans Tristan et Iseult, le respect de la dame, l'amour chevaleresque et de l'ordre du sacrifice, pour les cas extrêmes, celui de Roméo et Juliette. Ou le pensant comme l'amour inconditionnel coulant de sources des comédies romantiques, qui engendre les déclarations d'amour dans un jardin public que tout le monde applaudit, ou la traversée du globe pour une course au ralenti se terminant par un câlin virevoltant des deux protagonistes. Peut-être que comme on ne voit que des images d'amour submergeant, du domaine du coup de foudre, censé nous frapper en plein cœur, on n'a plus la patience d'attendre de connaitre la personne. On commence par une baise et on se dit que si rien ne nous envahit à part un pénis, une langue ou une poitrine opulente, ça ne vaut pas le coup d'être vécu. Mais je pense que ce ne sont pas les bonnes raisons. Je pense que la plupart des gens sont trop égocentriques pour tenter de comprendre l'autre, de l'écouter, de faire un effort pour s'aimer tout simplement. Et puis, il y a une question de timing, d'écoute de soi qui nous conduit parfois à des crises existentielles propres, nous enfermant dans notre nombril.

La recette serait-elle alors la suivante: une ouverture à l'autre, une acceptation de notre peur de souffrir, une force de caractère qui nous pousserait à remettre ça la fois suivante. Arrêter de tergiverser et se jeter à corps perdu en se disant qu'au pire on se fourvoie. Être suffisamment fort pour ne pas céder à la peur de la solitude, et éviter de s'embarquer dans une relation irrémédiablement vouée à l'échec. Préférer être seul que mal accompagné. Savoir qui on est, et cibler ce qu'on attend de l'amour plutôt que de subir la volonté de l'autre. Arrêter d'envisager le sexe comme un but à atteindre mais plutôt comme un moment partagé avec son corps certes, mais dans un échange qui fait tournoyer notre cerveau à en faire perdre la tête. Le sexe n'est-il pas meilleur avec un être aimé plutôt qu'avec Pierre, Paul, Jacques et Marguerite (ensemble ou séparément selon les gouts de chacun) dont on ne se souviendra d'ailleurs pas du prénom au petit matin?

L'amour, ou du moins son chemin, c'est la confiance en l'autre, de la simplicité, du non stress du réveil du lendemain, du petit déjeuner en toute quiétude parsemé de rires. On ne se pose plus la question du "va-t-il rappeler demain?" ou "mais pourquoi il appelle pas?". Finalement l'amour c'est simple, c'est entier, ça coule de source, ça se vit pas à pas, parfois c'est périlleux mais ça peut marcher à condition de s'en donner les moyens et surtout de commencer. Je ne sais pas vous, mais moi quand je m'imagine à 80 ans, si tenté que j'y arrive, je vois bien un papy aux cheveux blancs à côté de moi dans la véranda (les personnes âgées ont toutes des vérandas!), plutôt qu'un chat que j'aurais appelé Roger comme unique compagnon! Donc liberté sexuelle d'accord, mais à deux (ou plus, n'oublions pas les poly-amoureux) c'est mieux, surtout s'il y a des paillettes d'amour avec.


Le sexe sans lendemain n'est pas à jeter aux ordures, et je ne juge en aucun cas ceux qui le pratique. Mais sachons entrevoir d'autres possibilité. On peut, par exemple, commencer par cesser d'avoir peur, en prenant notre temps...






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